Genre à la définition assez lâche, le road-movie tire son origine d'une double envie de mouvement : religieuse d'abord, nationale ensuite.
Religieuse, car c'est bien la tradition de l'Exode et de la Terre promise, solidement ancrée dans la tradition américaine, qui justifie le départ de bien des héros de road-movies. Mais ce motif du départ pour un avenir incertain, mais meilleur, fonde à la fois l'histoire des Etats-Unis mais également son cinéma, puisque le western puise précisément dans cette idée de retour à l'innocence qu'a pu être dans un premier temps la Conquête de l'Ouest.
Mais si le road-movie s'ancre dans plusieurs traditions très américaines, sa genèse et son développement montrent à quel point ce genre cinématographique s'est évertué à défaire l'ordre moral et social de la terre de l'Oncle Sam. Avec Easy Rider de Dennis Hopper en 1969, l'Amérique tremble devant l'épopée sulfureuse et tragique de deux cow-boys des temps modernes sur leurs motos, qui ne rencontreront sur leur passage que la drogue, l'intolérance et la mort. Dès Les Raisins de la Colère de Ford, adapté du roman de Steinbeck, la ruée vers de jours meilleurs devenait pour toute une famille de l'Oklahoma un voyage vers l'enfer et la pauvreté.
A moto (Easy Rider), féministe (Thelma et Louise), familial (Little Miss Sunshine), le road-movie nous parle de l'Amérique en l'égratignant, et la traversée des vastes espaces n'est souvent là que pour rappeler l'enfermement des destinées de ces personnages sans but et sans histoire. C'est à la fois en définitive un parcours symbolique et social.
Genre américain par excellence, le road-movie a inspiré de nombreux cinéastes célèbres : Frank Capra (New-York Miami), Arthur Penn (Bonnie & Clyde), Terrence Malick (La Balade Sauvage), Steven Spielberg (Duel, Sugarland Express), David Lynch (Sailor et Lula, Une Histoire Vraie), Jim Jarmush (Dead Man) et Clint Eastwood (Un Monde Parfait). Après la sortie du film culte Easy Rider, le road-movie est devenu le symbole de la contre-culture et le genre majeur du cinéma américain des années 70 avec des œuvres telles que Macadam à deux voix de Monte Hellman, Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni, Point Limite Zéro de Richard C. Sarafian et L'épouvantail de Jerry Schatzberg.
Aujourd'hui encore, le road-movie continue d'embraser nos écrans, en témoignent le film Into the Wild de Sean Penn et la très récente adaptation du classique américain de Jack Kerouac Sur la route mise en scène par Walter Salles qui s'était déjà intéressé au road-movie, sud-américain cette fois, avec Carnets de Voyages, film qui raconte les aventures de jeunesse du Che.
Dans l'esprit du mythique The Blues Brothers réalisé par John Landis en 1980, The Brooklyn Brothers perpétue la tradition du road-movie américain mêlant comédie et musique.
