Génèse du film

Pather Panchali (La complainte du sentier), présenté à Cannes en 1956, avait permis à Satyajit Ray d'atteindre une renommée internationale. Mais le film qui en est la suite, Aparajito (L'invaincu), est un échec au box office. Ayant désespérément besoin d'un succès commercial, Ray décide d'adapter une nouvelle de Tarashankar Bannerjee très connue au Bengale, ce qui lui permettra de mélanger musique et danse à son récit, des ingrédients avidement recherchés par les producteurs bengales. Le salon de musique sera aussi l'occasion pour Ray d'utiliser l'acteur classique Chabbi Biswas, qu'il a en tête pendant l'écriture du film.

Loin de réutiliser le cadre pauvre et populaire de Pather Panchali et de sa suite, Ray situe son nouveau film dans la classe aristocratique des zamindars, ces riches propriétaires terriens qui ont exercé un pouvoir quasi féodal jusqu'à l'indépendance de l'Inde en 1947. Souvent protecteur des arts, les zamindars connaîtront le sort universel réservé aux membres de l'aristocratie incapables de s'adapter aux mouvements sociaux. Beaucoup verront leur fortune disparaître, en même temps que la bourgeoisie devient de plus en plus prédominante.

Cette opposition de classes, symbolisée par la "compétition musicale" entre le zamindar Roy et le nouveau bourgeois Ganguli, Ray l'a souvent déclinée dans son œuvre, fasciné par le caractère inéluctable qui préside le remplacement de l'ordre ancien par un nouveau système.

Le tournage commence en mai 1957. Pure coïncidence, le palais qui sert de décor au film avait appartenu au zamindar même qui avait inspiré la nouvelle originale. Mais le salon de musique qui donne son titre au film sera reconstitué en studio, Ray voulant un cadre imposant pour mettre en place les somptueuses soirées musicales, ou jalsas, qui rythment la vie du zamindar. Pour les trois jalsas du film, Ray fait appel aux meilleurs artistes disponibles : Akhtari Bai pour chanter le thumri, Salamat Ali Khan pour jouer du kheyal et Roshan Kumari pour danser le Kathak.

Comme c'est le cas pour toute l'œuvre de Ray – excepté Les joueurs d'échec, Le salon de musique est tourné au Bengale dans la langue du pays, le bengali. Ray se déclarait en effet incapable de réaliser un film dans une autre langue que la sienne, refusant aussi le doublage de ses films en hindi, ce qui limitait du même coup leur exploitation commerciale en Inde. Cette intransigeance artistique sera une constante dans la carrière de Satyajit Ray. Déjà, simple dessinateur dans une agence de publicité de Calcutta, il avait financé lui-même son premier film, Pather Panchali, allant jusqu'à engager les bijoux de sa femme et sa bibliothèque pour louer le matériel de tournage. Auteur complet du scénario et des dialogues de ses films, il supervise aussi le cadrage, dessine les décors et deviendra même son propre compositeur.

Sorti en 1958 au Bengale, puis dans le reste de l'Inde en juin 1959, Le salon de musique laisse les critiques perplexes par son utilisation très réalistes des scènes de musique et de danse. Il remporte néanmoins une récompense nationale, en tant que deuxième meilleur film indien de l'année. Alors que Satyajit Ray pensait que son film ne pouvait pas s'exporter, il sera distribué en 1963 aux Etats-Unis, mais ne sortira en France qu'en 1981, ouvrant la voie à une rétrospective générale de son œuvre qui suscitera une reconnaissance autant critique que publique.


Le chef d'oeuvre de Satyajit Ray universel

Le tournage commence en mai 1957. Pure coïncidence, le palais qui sert de décor au film avait appartenu au zamindar même qui avait inspiré la nouvelle originale. Mais le salon de musique qui donne son titre au film sera reconstitué en studio, Ray voulant un cadre imposant pour mettre en place les somptueuses soirées musicales, ou jalsas, qui rythment la vie du zamindar. Pour les trois jalsas du film, Ray fait appel aux meilleurs artistes disponibles : Akhtari Bai pour chanter le thumri, Salamat Ali Khan pour jouer du kheyal et Roshan Kumari pour danser le Kathak.

Comme c'est le cas pour toute l'œuvre de Ray – excepté Les joueurs d'échec, Le salon de musique est tourné au Bengale dans la langue du pays, le bengali. Ray se déclarait en effet incapable de réaliser un film dans une autre langue que la sienne, refusant aussi le doublage de ses films en hindi, ce qui limitait du même coup leur exploitation commerciale en Inde. Cette intransigeance artistique sera une constante dans la carrière de Satyajit Ray. Déjà, simple dessinateur dans une agence de publicité de Calcutta, il avait financé lui-même son premier film, Pather Panchali, allant jusqu'à engager les bijoux de sa femme et sa bibliothèque pour louer le matériel de tournage. Auteur complet du scénario et des dialogues de ses films, il supervise aussi le cadrage, dessine les décors et deviendra même son propre compositeur.

Sorti en 1958 au Bengale, puis dans le reste de l'Inde en juin 1959, Le salon de musique laisse les critiques perplexes par son utilisation très réalistes des scènes de musique et de danse. Il remporte néanmoins une récompense nationale, en tant que deuxième meilleur film indien de l'année. Alors que Satyajit Ray pensait que son film ne pouvait pas s'exporter, il sera distribué en 1963 aux Etats-Unis, mais ne sortira en France qu'en 1981, ouvrant la voie à une rétrospective générale de son œuvre qui suscitera une reconnaissance autant critique que publique.