critiques

« Le rythme du dehors vient bouleverser le rythme du dedans. C’est ainsi que tout est lié ; on comprend tout d’un coup que le discours de chacun, dans ce lieu pourtant protégé, n’a que la fragilité du verre, que la simplicité irréfutable des dialogues internes est sans cesse menacé par les vagues violentes du dehors. Ghare Baire est un film sur la parole fragile. Et c’est là que Ray fascine, comment peut-il partir de cette parole menacée, construire une trame si serrée ? […] La Caméra veut constamment se rapprocher de ce qu’elle filme pour mieux le découvrir. Mouvements intimes qui, en donnant un profond sentiment d’intériorisation, font pression sur les discours que tiennent les personnages. Ces discours, ces paroles, on a vraiment l’impression que grâce au jeu perpétuel des images qui montrent le plus petit, ils pénètrent profondément à l’intérieur de chaque personnage. Rarement sans doute un film aura si bien combiné travail sur le discours et art de montrer. De la vision de Ghare Baire, on ne peut sortir qu’imprégné ; le plaisir n’est pas de l’ordre de l’excitation mais de la progressive fusion entre deux univers singuliers, celui du spectateur et celui de Ray. C’est presque aux origines qu’il remonte, au degré zéro, tellement elles sont fortes, de la rencontre, et de la découverte. Ray découvre le monde par son cinéma, il garde le regard primitif, le regard le plus clair… »
Les Cahiers du Cinéma n° 370, Avril 1985

«Même lorsqu’il emploie des stars venues d’ailleurs, comme James Ivory, Ray garde toujours son souci : les grands acteurs l’attirent, non pour leur réputation, mais par ce que sur l’écran «même lorsqu’ils ne font rien, ils continuent à se montrer expressifs et intéressants », ils vivent. La caméra est près du réel, le scénario à deux doigts du cœur, la musique touchant le ciel, Ray a fini par savoir marcher sur les eaux.» 
La Croix, Jeudi 24 mai 1984

«Rarement le cinéma nous donne autant de joie que quand il parvient à inscrire le drame de l’individu en contrepoint des moment les plus fort de l’histoire : La règle du jeu, de Renoir, M. le maudit, de Lang, Frontière chinoise, de Ford, Le temps d’aimer et le temps de mourir, de Sirk, Le quarante et unième, de Tchoukari, autant de films inoubliables pour avoir réussi à mener de front le destin de chacun et le destin de tous. Il en va de même avec le film de Satyajit Ray»[…] A l’âge où le décompte des jours force à dire l’essentiel, seulement l’essentiel, au sommet de son art, Satyajit Ray nous donne un drame qui arrive à marier la somptuosité et l’ascèse. Somptuosité des couleurs, des vêtements, du mobilier, des rites d’une vie emprunte de raffinement, fruit de l’accumulation des générations dans un pays qui connaît l’une des plus magnifiques cultures du monde.»
Jean Roy pour L’Humanité, 1984

« Le film est bouleversant. Et sans doute le plus beau du Festival, le seul en couleur. »
 Les Cahiers du Cinéma n° 360/61, 1984  

« Le feu qui couvrait dans les cœurs se déploie à travers villes et campagnes. Au moment même où il affirme un sentiment d’impuissance presque absolu face à la réalité historique, Satyajit Ray sublime les émotions de l’individu, d’un couple : lente montée vers la connaissance de soi, la pleine possession de la vie, attente à l’heure du plus grand danger, quand tout bascule irrémédiablement. Le cinéaste, sans larmes superflues, l’angoisse au fond du cœur, sa fierté en bandoulière, nous rappelle après bien d’autres que les civilisations sont mortelles ».
Le Monde, 18.04.1985  

«Je voudrais vous dire pourquoi j’ai aimé le film « La Maison et le Monde, le beau film de Satyajit Ray d’après le roman de Rabindranath Tagore ; ce film que j’ai attendu avec tant d’impatience tout au long de ces journées passées à Cannes, et qui venu en dernier, comme il est juste pour ce qui doit le plus nous émouvoir.»
J.M Le Clézio pour Le Nouvel Observateur, 01.06.1984 

« La Maison et le Monde est une œuvre d’une rare maturité. Satajit Ray appartient à la famille des grands poètes de l’écran. Le voici plus proche que jamais de son maître Renoir. »
Jean Collet pour Etudes, 01.05.1985

 
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